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Discordance (octobre 2008)
Entretien
avec Martin Duru réalisé par Discordance :
Immune. Un nom étrange, dont il est
difficile de deviner l’origine au premier abord. Immune, c’est
un groupe qui a su se trouver un univers paisible, aux antipodes
du métal et d’autres styles bien agressif. Immune,
c’est un monde posé, ou le temps ne semble pas défiler
comme ailleurs et dans lequel il fait bon s’y perdre, tout
comme dans Not Until Morning, ce deuxième album du groupe.
Mais
avant l’analyse en détail de cette pièce musicale
pleine de magie, découvrons un peu le groupe avec Martin,
l’un de ses membres.
- Pourrais tu nous présenter le groupe ? Comment
s’est faite la rencontre, comment en êtes vous arrivés
à faire de la musique ensemble.
Dans Immune nous sommes 4 personnes : Jean Sébastien,
son frère Julien, Garry qui est le chanteur, et moi même.
Tout a commencé un beau jour de septembre. Jean Sébastien
et moi étions ensemble au collège, et n’étions
pas forcément très amis. Un jour, nous nous sommes
croisés par hasard à la Fnac, et nous nous sommes
rendus compte que nous regardions les mêmes CDs. Comme quoi
la Fnac fait bien les choses. A partir de là, on a commencé
à faire de la musique ensemble.
Après les années passant, Jean Sébastien a
commencé à faire de la musique plus sérieusement.
Il a d’ailleurs fait un album seul en 1999 sous le nom de
Yawn. Et c’est donc après cela qu’il a eu envie
de donner à son projet une nouvelle dimension, et il a appelé
son vieux copain Martin. On a alors commencé à bosser
ensemble, puis on s’est mis à la recherche d’un
chanteur. Un ami commun nous a présenté Garry, puis
Julien le frère de Jean Sébastien nous a également
rejoint. On a donc commencé à faire des choses ensemble.
On peut dire en gros que ça a commencé vraiment en
2001.
Et donc depuis 2001, qu’a t’on fait ? Et bien pas grand
chose en fait (rires). On a fait un premier disque du nom de Sound
Inside qui est sorti en 2006 sur un label belge du nom de Stilll
(avec trois l oui), qui est spécialisé dans l’électro,
ce qui nous convenait bien parce qu’il y avait pas mal de
choses un peu électro sur ce premier album. Il a donc mis
beaucoup de temps à sortir, car entre temps on a mis des
morceaux sur des compiles... On a aussi fait quelques concerts,
ce qui est assez compliqué pour nous, car nous venons de
4 villes différentes et pas vraiment proches.
Juste après la sortie de Sound Inside on s’est mis
à travailler sur ce nouvel album qui nous a pris pas mal
de temps. Jean Sébastien est à Lyon, Julien à
Dijon, Garry à Angoulême, Moi à Paris. C’est
forcement assez difficile de se réunir, donc c’est
surtout Jean Sébastien et moi qui nous retrouvions pour bosser
ensemble, les autres venant se greffer après. En fait, on
va dire que la base de travail c’est Jean Sébastien
et moi, même s’il faut mettre également beaucoup
en avant le travail de Garry, qui est le chanteur et qui, comme
tout les chanteurs a un ego incroyable. On pourrait par exemple
parler de sa voix soyeuse et caressante, qui installe une ambiance
ouatée, nous rappelant les souvenirs d’un autre temps.
(rires)
- Combien de temps a pris la composition de ce nouvel album
? De quelle manière ça s’est passée ?
Et bien, ça a quand même pris pas mal de temps
il faut l’avouer. Je ne sais pas si ça se sent vraiment,
mais c’est un album ou il y en a un peu partout. Comme nous
ne sommes pas vraiment de grands songwriters, c’est une manière
de compenser. Par exemple ça part toujours d’une boucle
de guitare très simple, ou alors d’une boucle de piano.
Et après tout se joue sur l’enchevêtrement, pour
créer une ambiance. Ce sont des morceaux qui sont très
étirés, où tout prends le temps de se mettre
en place au fur et a mesure. D’ailleurs on peut dire que ce
sont des morceaux où les gens peuvent éventuellement
se faire chier. Mais ça je n’aurais pas dû le
dire parce que pour la promo, c’est très moyen... Donc
je n’ai rien dis en fait...
Mais bon pour être sérieux, l’esprit est vraiment
quelque chose de très simple à la base. Par exemple,
un arpège qui tourne, un riff et après on vient rajouter
plein de choses au dessus. Il y avait aussi un parti pris qui était
de toujours s’appuyer sur des instruments organiques. Il y
a de la vraie batterie, de la vraie guitare sèche.... Mais
tout ça a été traité de manière
électronique. Par exemple si on a un morceau de 8 minutes,
l’arpège est mis en boucle, la batterie aussi et donc
on vient faire des superpositions de tous ces éléments.
C’est un parti pris, car comme on n’est pas de très
grands musiciens, c’est assez difficile pour moi de faire
exactement le même arpège pendant 8 minutes... (rires).
Bon après concernant les superpositions, on n’en fait
pas trop car il faut que ça reste accessible quand même.
Mais dans les faits purs, c’est comme cela que ça a
été traité.
Je vois oui, et donc tu me disais que le premier album était
plus électronique. Tu peux nous parler un peu des références/influences
du premier album et du deuxième album ?
En effet, le premier album avait une tendance électro pop,
avec un coté déjà étiré. Mais
peut être avec plus de fond, avec une véritable recherche
de planant. Pour le premier album, si on devait prendre des références
pour cet album, ça serait plus Marc Hollis, Hank, tout ces
groupes qui font attention à avoir un son très pur,
mais sans se perdre dans l’esbroufe. Néanmoins, il
y avait déjà dans le premier un coté acoustique,
mais moins marqué. Après le groupe qui traverse vraiment
les deux albums au niveau de l’influence qu’ils ont
pu avoir sur nous, c’est Hood. Ça c’est la référence
absolue, faut le dire parce que c’est le groupe préféré
de Jean Sébastien quand même. Ne serait-ce qu’au
niveau de la production, ça nous a beaucoup influencé.
C’est une musique simple, fondée sur des arpèges
très simples, tout en ayant une production qui est très
léchée. Forcément, comme ils ont plus de moyens,
ils peuvent plus s’investir dans la qualité du son,
avec toujours la recherche de la petite boucle qui fait la différence.
Le genre qui ne va faire tripper que les gens qui font de la musique.
Tu vas écouter au casque, et tu vas te dire « Oh punaise
à droite, y a eu un truc, oh punaise, là il y a 3
guitares qui viennent d’un coup ». Tu vois l’idée...
C’est un peu ça qu’on a essayé de faire...
On s’amuse comme on peut hein... (rires)
- Donc on parlait de production, au niveau de la mise en
place de l’album, ça c’est passé comment
?
Déjà sur ce deuxième disque, on a
essayé d’avoir un meilleur son, car le premier a quand
mémés été fait assez à l’arrache,
avec des morceaux enregistrés sur un 8 pistes, d’autres
qui avaient commencé à être enregistrés
en studio. Et au final le tout était loin d’être
uniforme. Personnellement je pense qu’il y avait des morceaux
qui n’étaient pas mal, mais qui péchaient vraiment
par la qualité du son qui était loin d’être
top. Le deuxième disque lui, a été entièrement
fait en home studio avec notre matériel à nous, mais
toujours avec le même matériel, pour chercher une vrai
cohérence au niveau du son. Le premier album, on peut vraiment
le voir, comme une collection de chansons assez disparates dans
le son et les ambiances. Alors que le nouveau a vraiment été
pensé comme un tout.
- C’est vrai qu’à l’écoute
de l’album, j’avais presque l’impression d’assister
à une histoire... Tout a donc été vu comme
ça ?
Oui car il devait y avoir une cohérence minimale
dans le son en enregistrant par exemple dans des périodes
concentrées dans le temps. Par exemple, on a essayé
d’enregistrer 5 jours de suite. Ça peut paraitre très
con vu comme ça, mais quand tu fais ça, au bout d’un
moment, tu viens à faire vraiment corps avec tes morceaux.
Quand tu travailles un week-end ici et là, t’as pas
le temps d’assimiler la chose. Mais comme là les morceaux
sont plus longs, fallait qu’on vienne s’adapter à
la chose, impossible de les travailler dans un laps de temps plus
court. C’est des choix qui peuvent paraitre cons, mais quand
tu fais ça, tu peux vraiment bosser ta musique.
Après il y avait aussi des choix en termes d’instruments,
on voulait qu’il y ait de la vraie batterie, alors que sur
le précédent, c’était des boites à
rythmes. On ne voulait plus de guitares avec du delay, on voulait
des sons d’orgues, on voulait donner plus d’importance
à la basse. Là encore, ça peut paraitre bête,
mais c’est comme ça que commence un album, en faisant
tes choix. On voulait aussi un coté plus boisé, un
coté rampant, donc on a pris de l’orgue. On ne voulait
plus d’électro, donc on est revenu à des guitares
classiques. On voulait aussi avoir des sons de cuivres, donc on
l’a fait avec une direction bien définie.
Et oui, il y avait une vraie unité à la base. Une
fois que cette base a été définie, on s’est
mis au travail avec Jean Sébastien, sur quoi Garry est venu
poser son chant, et après selon ses propositions on a retravaillé
la chose… A moins bien sûr qu’il colle de suite
à l’esprit du morceau, ce qui évidemment, se
produit tout le temps. (rires)
- Qui écrit les paroles ? Garry ?
Pour cet album, Garry en a fait, j’en ai fait moi
même, et on en a même fait à deux ? Ce ne sont
pas des paroles dans lesquelles il faut aller chercher de grands
messages. Je ne sais même pas si c’est intéressant
de développer ce point. Généralement, il y
a la démo de la chanson, Garry chante en yaourt, et après
on essaye de trouver des mots qui s’adaptent à la musique.
Il y a quand même des textes qui ont vraiment un sens, mais
pas de thématiques particulières de développées.
Bien sûr je pourrais te répondre en évoquant
un texte précis, de se poser là et de te dire (prends
un voix grave et sérieuse) « Oui, cette chanson vient
traiter du thème profond de... » Et d’un autre
coté, je ne veux pas tomber non plus dans le truc «
Oui nous, on cherche la sonorité des mots, à recréer
une harmonie intérieure au sein des lyrics », donc
bon... (rires)
- En dehors des groupes qui vous inspirent, avez vous eu
des influences plus cinématographiques ?
Certainement. Mais te dire lesquelles c’est autre
chose... Jean Sébastien a fait des études de cinéma
et pour son mémoire de fac, il avait fait un film dont il
avait composé la musique avec son frère. C’était
un film assez contemplatif, tourné en super 8, avec beaucoup
de plans très lents, dans lesquels la caméra bougeait
à peine, et où finalement il se passait peu de choses,
mais en même temps, il se passait plein de choses. C’est
à dire que, quand tu fais ça, le moindre petit mouvement
parait tout de suite très important et donc c’est clair
que oui, Jean Sébastien baigne dans un univers visuel. Et
cet aspect va naturellement se traduire dans la musique d’Immune.
Si le morceau dure 6 minutes, il faut accepter que pendant 3 minutes,
il y ait une base qui se pose lentement. Et si là on considère
que la musique c’est uniquement fait pour danser et s’éclater,
cela ne marchera pas du tout. On ne peut pas écouter
tout le temps Madonna non plus….
- C’est vrai que, de par le travail par couches, l’album
a un caractère qui nous pousse à vraiment se poser
pour apprécier…
Voilà. Et donc nous on a multiplié les arrangements
pour cette raison. C’est ce que j’aime quand j’écoute
un disque, de trouver au fur et a mesure des écoutes des
éléments que je n’avais pas entendu avant. Exactement
comme un album de Marc Hollis sorti en 1998. C’est un peu
paradoxal avec la musique : il y a coté très vaporeux,
qui ferait presque berceuse, mais en même temps si tu te concentres
dessus, il y a plein de choses à découvrir. T’as
l’impression que c’est un album hyper silencieux, où
il se passe peu de chose, tu vas lui trouver des vertus apaisantes
et si tu l’écoutes vraiment en détail, tu es
fasciné par la pureté des sons et des choses que tu
n’avais pas entendu avant. Il y a vraiment deux cotés,
le coté relâché et le coté sophistiqué.
Je ne suis pas en train de dire que notre musique est très
sophistiquée mais j’ai le sentiment qu’à
l’écoute, il se passe quelque chose.
Pour retourner sur la question du cinéma, nous on va beaucoup
aimer un gars comme Tarkovski forcément, pour le coté
très lent, très spirituel... C’est un cinéaste
russe très célèbre pour ses plans séquences.
Tout à fait le genre de films ou on réfléchit
sur le rapport profond que l’Homme établit avec la
Nature et avec Dieu. C’est une question qu’on se pose
au quotidien, n’est ce pas ? (rires)
Et donc c’est vrai que certains morceaux pourraient être
considérés comme les bandes sons de ce genre de films.
Mais la encore on ne se dit pas qu’on est en train de faire
une B.O. mais c’est a posteriori que tu réalises ça.
Autant tu pourrais faire le choix musical d’un concept, autant
là ça vient par hasard. Si tu cherches à faire
telles choses dès le départ, tu te bloques. Il ne
faut pas se dire d’entrée : « Tiens on va faire
un album évanescent », il vaut mieux se le dire après.
- Comment se passe votre jeu sur scène ?
C’est quelque chose de très compliqué
au point de vue logistique. Comme on habite loin des autres, quand
on doit répéter, on prévoit cela 3 mois à
l’avance. Avant à l’époque de Sound Inside,
on a fait un certain nombre de concerts car on était à
peu près rattaché à Dijon. On a donné
notre premier concert en première partie d’un artiste
qu’on adore qui s’appelle Matt Eliott et on a fait également
la première partie de Bed. Pour les morceaux du premier album,
on s’appuyait beaucoup sur des séquences programmées.
Concrètement tu as un ordi qui tourne, tu as le batteur qui
joue au casque avec un clic, ce n’est pas très ...
sexy (rires). Mais ça permet que tout vienne au bon moment,
sachant que tout ce qu’on voulait faire, c’était
donner un minimum de densité à la chose et cela peut
passer par plein de choses.
Mais avec le nouveau disque on va s’essayer de s’appuyer
moins sur ça, car comme il a un coté plus organique,
et comme le coté « séquences » reste un
peu suspect du point de vue éthique, car ce n’est pas
toi qui joue et qu’il faut quand même que le concert
reste une « performance ». Ce qu’on essaye aussi
de faire, c’est de compenser par une projection de film derrière
nous, qui est le film de Jean Sébastien dont je parlais plus
haut. Il s’appelle Head Light.
C’est quelque chose qui est assez en raccord avec qu’on
fait, et comme on ne cherche pas à se mettre en avant dans
le live, mais plutôt à créer une atmosphère
à la fois paisible et avec un minimum d’intensité,
ça convient vraiment. Cela dépasse même la performance
de 4 mecs qui jouent ensemble. Le film permet d’aller du concert
à une performance globale qui englobe à la fois l’image
et la musique.
C’est comme quand U2 joue devant 80000 personnes et qu’il
y a plein d’écrans partout pour un show incroyable.
(rires) Non sérieusement, on va à l’essentiel
sur scène, là où sur le disque t’as 7
arpèges de guitares, en live il n’y en aura qu’un,
le plus marquant. Au fond, ça fait ressortir l’aspect
nu de la chose, ce n’est pas désagréable
Mais pour résumer, pour nous, les concerts sont très
compliqués, et c’est pour cela qu’on est à
la recherche d’autres moyens de promouvoir notre musique.
- Cela pourrait éventuellement passer par des side
projects ?
Voilà. Julien et Jean Sébastien ont d’ailleurs
un projet parallèle qui se nomme Recorded Home. A la base,
c’est un blog que Jean Sébastien avait fait avec un
photographe. Il prenait une photo et Jean Sébastien faisait
une sorte d’instantanée de musique par dessus. C’était
quelque chose de principalement instrumental avec un parti pris
lo-fi. Jean Sébastien a donc tiré de ce projet, un
album que les lecteurs de Discordance peuvent acheter par exemple…
(rires) Il a également voulu lui donner un prolongement sur
scène, et on peut dire que d’une certaine manière
cela se substitue à Immune. Dans Recorded Home ils sont trois,
dont deux Immune. C’est une organisation plus souple qui leur
permet de faire plus de dates. La promo d’Immune peut passer
par là, ce ne sont pas les mêmes morceaux, mais c’est
le même esprit. Avec encore la dimension des vidéos...
Parmi les autres projets dont je pourrais parler, on essaye de bosser
sur l’illustration sonore. On collabore avec une boite qui
s’appelle Justement Music et qui font des compiles du genre,
compiles ambiant, compiles rock. On fait des morceaux spéciaux
pour eux, ils mettent cela sur des compilations, pour ensuite démarcher
des gens qui font de la pub. Cela nous permet d’avoir une
approche différente de notre musique et de composer des choses
qu’on n’aurait pas forcément composées.
Par exemple, ils ont fait une compiles pop, et on a donc fait des
morceaux qui donnaient envie de danser, ce qui est assez éloigné
de ce qu’on fait. C’est intéressant parce que
ça nous force à réinvestir notre petit savoir
faire dans des styles de musiques nouveaux et en même temps
ça permet de gagner de l’argent…
Parce qu’il faut savoir que quand tu fais de la musique comme
nous, tu ne peux pas t’attendre à devenir riche (rires).
Quand tu fais de la musique, pour en vivre, soit tu fais du commercial,
soit tu fais des concerts, soit tu trouves autre chose. Il n’y
a pas 36 solutions, mais bon c’est loin d’être
une fatalité aussi. Il y a quand même tout le coté
orfèvre qui est plus que plaisant.
- On va terminer en évoquant vos projets futurs…
C’est assez flou encore. On aimerait donner plus
d’intensité à notre musique, et pas uniquement
en live, mais aussi en studio, faire des choses plus rythmées
car pour l’instant c’est très feutré.
Et au bout d’un moment, il faut avouer que cela nous épuise
un peu... Quand je réécoute l’album, je me dis
qu’il y a peut être trop d’arrangements. Parfois
un seul arrangement bien mis en avant peut faire la différence.
Peut être que le mixage est un peu plat, que rien ne ressort
vraiment. On aimerait aller vers du plus brut, du plus rapide, plus
rythmé, en privilégiant un coté saillant.
Après en termes de compositions, ça pourrait rester
quand même un peu mélancolique, voir un peu dépressif
parfois. Même si on ne l’est pas dans la vie... Enfin
en tout cas pas moi. En gros, il faut que nous capitalisions sur
ce qu’on a fait, pour casser ce coté trop propret de
notre musique. D’ailleurs on a déjà essayé
de le faire sur les derniers morceaux de l’album, avec une
sorte de déluge de batterie sur la fin. C’est un peu
une manière d’annoncer ce qui viendra pour le groupe.
— -
Not Until Morning
En en attendant de ce qu’il adviendra du groupe,
il serait sage de se pencher sur ce deuxième album. Not Until
Morning pourrait se définir comme un joli voyage, une plongée
lente et douce dans un univers de rêve, de mélancolie.
Hello débute l’album en venant nous chercher langoureusement...
Le morceau, étiré, assez lent, constitue une mise
en bouche parfaite.
Au bout de six premières minutes et après une douce
et relative apothéose, le morceau se termine, nous laissent
en attente de la suite. Les atmosphères vaporeuses se suivent
alors, installant un climax qu’on pourrait qualifier d’intrigantes
rêveries. Les images se succèdent, le temps ne semble
plus avoir d’importance.
Si les morceaux d’Immune sont effectivement lents, ils ne
sont en aucun cas chiants. Et ce n’est qu’une fois confortablement
installé, le casque sur les oreilles, les yeux fermés
ou bien encore perdu dans la contemplation un paysage, que l’univers
d’Immune saura se faire apprécier. Martin n’a
pas menti, la voix de Garry semble sortir d’un autre temps,
particulièrement sur Misplaced... Un titre qui nous donne
l’impression d’assister à un conte, à
une histoire lointaine et impalpable.
Et l’album se déroule encore, toujours avec cette sensation
de planer, tout en s’arrêtant ici et là sur quelques
titres en particulier.
Recorded Home, possible référence à un autre
aspect de l’univers d’Immune.
Slow Backwards, et ses percussions hypnotiques en arrière
fond.
Le final sur When We Faint, et son atmosphère délicieusement
feutrée qui nous laisse redescendre sur Terre doucement...
Comme si le générique de fin se déroulait devant
nos yeux...
Not Until Morning est un album doté d’un charme terriblement
subtil. Tout en douceur, en retenue, et en intelligence, ces 8 titres
sont à conseiller à un public patient, contemplatif,
mais c’est un univers qui mérite également que
d’autres oreilles s’y attardent, car il serait tellement
dommage de se refuser un tel voyage.
A ceux qui tenteront l’aventure, je promets une belle histoire...
— -
En savoir +
Immune
Site officiel : http://www.immunemusic.com/
Myspace : http://www.myspace.com/immunemusicfrance
Recorded Home
Myspace : http://www.myspace.com/recordedhome
Le Blog musique / photo : http://recordedhome.hautetfort.com
Second Hand Music
Site officiel : http://secondhandmusic.fr.nf
Myspace : http://www.myspace.com/secondhandmu...
Next (24 avril 2008)
Entretien
avec Jean-Sébastien réalisé par Next
Music :
next : Comme beaucoup, je ne lis jamais les présentations
des groupes sur leurs pages myspace ( trop long ...). Alors est-ce
que vous pourriez présenter rapidement Immune et Recorded
home à ceux qui nous lisent. Je crois que les deux groupes
se connaissent, non ?
Immune est né à l'origine de ma collaboration avec
Martin. Nous faisions de la musique ensemble au collège vaguement,
et puis en 2000, j'ai réalisé un album solo sous le
pseudo de Yawn. A l'époque mon disque devait sortir sur un
petit label grenoblois, et j'ai pensé alors reprendre ces
morceaux sur scène. Je n'ai fait aucun concert en réalité,
mais c'est ainsi en cherchant un chanteur que j'ai rencontré
Gary par un ami, et qu'avec Martin on a commencé à
composer ensemble. Immune est né comme ça. Après
Julien – mon frère – nous a rejoint naturellement
quand on commencé à envisager de faire des live.
Pour ce qui est de « Recorded Home », c'est à
la base un projet solo que j'ai mené pendant quelques mois
avec un photographe. J'ai eu l'idée simple de faire un blog
avec lui où une fois par semaine pendant 4 mois, lui livrerait
une photo, et moi une musique qui devaient de se faire écho.
Une fois cette petite expérience passionnante achevée,
j'ai voulu perpétuer cet esprit « home made »
sur scène, et j'ai commencé à bosser les morceaux
avec Aurélien (ex-Cellar Door, avec qui j'ai joué
pour quelques concerts). Après j'ai demandé à
Julien de nous rejoindre et voilà !
- Immune vend son disque . Recorded home offre ses morceaux.
Pourquoi ? C'est moins bien Recorded Home ?
Les morceaux de Recorded Home on été à
chaque fois lors de l'expérience du blog enregistrés
à l'arrachée pour conserver l'idée d'un instantanée
d'une émotion, d'un instant. Donc c'est assez lo-fi, crade,
et du coup j'ai préféré déposer le disque
en téléchargement libre sur internet. En revanche,
si des labels osaient sortir des choses de ce type, plus proche
de l'essai, de la demo, je l'aurais fait… Mais je ne pense
pas qu'un label souhaite faire ce genre de chose. C'est bien dommage
d'ailleurs, et voir que les disques de Daniel Johnston ont vu le
jour sur disque et par un label, je trouve que c'est un petit miracle
! J'apprécie beaucoup les demos, les brouillons, le moment
où les morceaux tremblent un peu, qu'ils ne sont pas tout
à fait sortis de leur coquille. Ils conservent un charme
qui parfois disparaît quand tout est trop bien enregistré,
lissé.
Immune et Recorded Home, ce n'est pas le même trip,et ça
n'appelle pas les mêmes moyens de diffusions. Pour moi il
n'y a pas un projet mieux que l'autre. Immune est juste plus présentable,
sait se mettre sur son trente et un, et séduire l'auditeur.
Tandis que Recorded Home se montre à nu, sans prendre soin
de se mettre en valeur.
- La première question rituelle : est-ce que vous
travaillez ou est-ce que vous vivez de votre musique ?
Non bien évidemment, et c'est bien dommage ! Pour
l'instant on ne gagne rien du tout. Peut être que ça
va changer, car nous allons essayer de travailler dans l'illustration
musicale, de faire de la musique pour la pub, le cinéma,…
Depuis peu, on collabore avec une boite d'illustration sonore dans
ce sens, et on espère s'orienter là dedans pour espérer
toucher un peu d'argent. Mais nous vendons très peu de disques,
et ne faisons pas de concerts, donc il n'y a pas de miracle…
Je suis caissier dans un cinéma d'art et essai à Lyon,
Martin est pigiste, Gary est prof d'anglais, et Julien va tenter
d'être prof de français.
- Deuxième question rituelle : votre position sur
le téléchargement illégal ? (Immune est sur
emule , j'ai regardé . Mais j'ai acheté l'album, hein).
Honnêtement je suis bien content que notre disque
soit sur emule. Si ça permet de nous faire connaître
c'est très bien. Pour ma part je télécharge
beaucoup de musique, mais si j'aime le disque je l'achète.
J'espère que les gens feront pareil avec notre disque. Pour
moi je vois plus emule comme un moyen de découvrir de la
musique. Après je ne me fais pas d'illusion… La plupart
des gens téléchargent et point. Mais je préfère
quand même ça à rien.
- Vous faites peu de concerts, non ? Est-ce par choix ou
pour une autre raison ?
Non ça n'est pas tellement un choix. En fait, nous
sommes tous dispatchés dans toute la France, et ça
rend les choses compliquées ! Martin vit à Paris,
Julien à Dijon, Gary à Angoulême, et moi à
Lyon, donc voilà… Pour répéter c'est
l'enfer pour trouver une date en commun, ça coûte cher
à nous tous. De plus si on trouve une date ça veut
dire qu'il faut que l'on demande un défraiement assez conséquent
pour pouvoir jouer. Donc on joue très peu, sauf si c'est
bien payé. Notre seule condition pour jouer est de ne pas
devoir sortir de l'argent de notre poche.
Maintenant, pour la sortie de notre nouvel album au mois de juin,
Recorded Home va se charger de faire la promo d'Immune et va jouer
à sa place. Comme ça, Recorded Home joue, et Immune
a l'opportunité de vendre des cds après les concerts.
On va essayer dans cette configuration de faire quelques concerts
en juin, notamment des shows case dans les Fnacs.
- Quelle est la différence entre la musique telle
que vous la développez sur disque et celle que vous jouez
sur scène ?
On essaie au maximum de copier les versions de l'album
généralement. Du coup, on joue avec des séquences
pour tous les morceaux electro. Nous ne jouons pas assez pour être
vraiment bons et c'est dommage. Et comme nous avons généralement
peu de temps pour préparer un set, on va au plus simple.
Nos morceaux sont assez durs à transposer sur scène
car ils jouent beaucoup sur les arrangements, des petites mélodies,
ou des petits sons qui viennent et partent. En live, cette dimension
se perd, mais du coup on essaie de compenser ce manque par plus
d'énergie, de moments d'intensité.
- Comment faites-vous pour écouter un groupe aussi
chiant que Sigur Ros ? Eh, les mecs, je vous rappelle qu'ils ont
inventé leur langue ! On commence par eux et on finit par
écouter du magma .....
On aime bien Sigur Ros oui. Après les goûts et les
couleurs…
- Tiens, je sais pas si vous l'avez vu , mais vous vous
êtes trompés sur votre page myspace . Dans vos groupes
préférés, vous avez mis Mark Hollis . En fait
c'est Talk Talk dont vous vouliez parler, non? Et encore, les deux
derniers albums. Parce qu'Hollis, c'est super chiant, non ?
Là par contre le disque de Mark Hollis je l'adore et il fait
vraiment partie des disques que j'aime le plus. Je trouve sa musique
essentielle, émotionnellement très forte, délicate,
précieuse. Tout est joué à fleur de peau, le
tout est merveilleusement arrangé, et le son de ce disque
me fascine. Il est rare d'entendre un disque aussi fort dans son
parti pris artistique. Ca ne ressemble à rien d'autre, et
ça c'est un critère essentiel pour moi. Combien de
disques se ressemblent dans leur composition, leurs arrangements,
leur son ? Ce disque ne ressemble à rien d'autre, et ça
peut de groupes sont capables d'imposer une telle singularité.
Après pour ce qui est de Talk Talk, les 2 derniers sont nos
favoris effectivement, mais j'aime quand même assez bien leurs
morceaux pop années 80. Je les trouve sympas.
- Au fait, si je vous dis qu'en ce moment je sais plus trop
quoi écouter, que plus rien ne me touche ( c'est pas le cas
mais je suis prévoyant ), vous me conseillez quoi ?
Bah le Mark Hollis par exemple ! Il faut s'y plonger vraiment
pour rentrer dedans, mais après on peut l'écouter
en boucle, on ne s'en lasse pas. Sinon parmi mes disques préférés
et que je conseillerais il y aurait : Hood (Rustic Houses…),
Minus Story (No Rest For Ghosts), le deuxième album des Tindersticks,
et Christophe dont je suis fan avec mon frère (mais là
je ne forcerai personne à nous suivre) !
- J'ai rien à lire ... Même question.
Une personne qui a beaucoup aimé notre premier album,
m'a dit que ça lui évoquait ses lectures de Murakami.
Du coup, j'ai lu « L'oiseau à ressort » et «
La ballade de l'impossible » qu'il m'a conseillé et
j'ai vraiment adoré. Depuis j'ai lu un petit paquet de ses
livres.
-Et un bon film ?
Récemment j'ai beaucoup aimé « There
will be blood ». Sinon j'aime beaucoup Bergman, Rosselini,
Tarkovski.
Infrarock (novembre 2006)
Interview de Jean-Sébastien
réalisée en novembre 2006
Comment décrirais-tu l’univers musical d’Immune
?
Je
dirais que notre univers est intimiste, mélancolique, mais
je ne sais pas trop comment le décrire... C'est assez dur
de parler de sa propre musique en terme d'univers musical. Je pourrais
te citer nos influences, mais je ne suis même plus sûr
que ça veuille dire quelque chose.
Immune avait déjà sorti un EP 7 titres en
2003. Quel regard portes-tu sur votre évolution artistique
depuis la sortie de ce premier effort studio ?
De notre demo "Immune" à "Sound Inside"
nous avons gardé un peu le même filon, à savoir
créer une musique qui mêlerait idéalement la
musique électronique et une musique plus acoustique. Je pense
que l'on a réussi ce que l'on voulait faire, mais maintenant
les rythmes electro, on en a marre. Quand je réécoute
"you landscape" par exemple, je trouve la boîte
à rythme très kitsch. Globalement je suis content
de ces morceaux, car on a fait quelque chose de cohérent
et de juste par rapport à ce que l'on cherchait à
faire. Mais maintenant nous cherchons autre chose. De "Immune"
à "Sound Inside", la vraie révolution pour
nous a été l'ordinateur. "Immune" a été
fait entièrement au 8-pistes numérique, et c'était
quand même l'enfer de faire des ping pong et de faire les
mixs en direct. Avec l'ordinateur, on a pu affiner les mixs et surtout
beaucoup plus arranger les morceaux. Avec Martin on s'amuse pas
mal à coller pleins de petits arrangements partout que personne
n'entend. Sur le nouvel album que l'on prépare, on s'amuse
à compter les pistes de chaque morceaux, et tous les morceaux
ont au moins 40, 50 pistes, alors que quand tu écoutes, tu
peux te demander où sont tous ces sons ! On adore être
minutieux, et travailler la précision.
L’écoute de votre album, et tout particulièrement
du titre « You landscape » m’a évoqué
le travail d’Hood sans toutefois me donner l’impression
que vous manquiez de personnalité et d’imagination.
En quoi tes références musicales jouent un rôle
dans le processus de composition ?
Maintenant la question des influences ne pose plus du tout. Je n'y
pense plus quand je crée. Au début, j'étais
tellement un passionné de Hood, que c'est vrai que je devais
sans cesse prendre du recul pour me dire "là ça
fait quand même trop Hood...". Et c'est vrai que mes
arpèges en étaient très très proches.
Maintenant je ne me pose plus ce genre de question. Peut-être
parce qu’on a notre propre style désormais, ou parce
que je me dis que je m'en fous. Quand on commence à créer,
on copie la musique que l'on aime, et au bout d'un moment je pense
que naturellement on trouve son truc, ce qui fait que l'on a un
style.
As-tu des regrets vis à vis de Sound Inside, certaines
choses que tu aurais aimé faire et que tu n’as pas
pu réaliser ?
Oui, il y en a quelques-uns. Des regrets surtout liés à
la manière dont on a enregistré le disque. "Thousand
Leaves" par exemple n'a clairement pas le son qu'elle mérite.
Elle aurait pu être bien meilleure, avec un vrai son de piano,
un bon son de batterie. Et il y a aussi "Lighthouse",
où je pense que l'on a raté la fin. On voulait faire
une sorte de chœur mêlant beaucoup de voix, que ça
soit envoûtant, et au final je trouve ça assez plat.
Mais bon, dans l'ensemble j'en suis content, je suis satisfait.
Maintenant ce qui m'intéresse c'est notre nouvel album. Je
pense qu'il peut être excellent, et il ne tient qu'à
nous qu'il le soit.
Comment se passent les concerts depuis la sortie de votre
album ?
C'est simple, on en a fait aucun ! C'est dommage, vraiment, mais
voilà. C'est très compliqué à plusieurs
niveaux. Nous habitons tous des villes différentes et pour
répéter c'est pas évident de s'organiser, et
ça implique que si l'on a une date on doit demander un gros
cachet pour nous défrayer. Notre label ne nous a pas donné
de dates et nous n'avons pas de tourneur. Je regrette vraiment que
l'on ne fasse pas de concerts. Pour Gary et moi c'est important,
mais Julien et Martin ça les emmerdent un peu. Ils ont leurs
vies, leurs cours, et trouvent que c'est une grosse organisation
pour pas grand chose.
Qu’est ce qui est le plus épanouissant pour
toi, la scène ou le studio ?
C'est de manière très évidente le studio, et
même si l'on faisait davantage de concerts. Martin et moi
composons quasiment tout, et on a adore arranger les morceaux ensemble.
On compose chacun de notre côté, et ensuite on bosse
ensemble. On passe un temps fou à enregistrer, arranger.
On essaie des trucs, on expérimente pour trouver un son à
nos albums. Sur celui que l'on travaille actuellement, on a enregistré
beaucoup d'arrangements au dictaphone. Ca donne une couleur, une
identité.
Sound inside n’a que quelques mois, et vous préparez
déjà un nouvel album pour le courant de l’année
2007. La démo en écoute sur votre page myspace donne
l’impression que vous cherchez désormais à rendre
votre musique plus organique qu’éléctro. Peux-tu
nous en dire plus sur ce futur album ?
Oui, l'electro il n'y en aura pas sur ce disque. L'instrumentation
sera acoustique. Il y aura du vrai piano, du violoncelle, de la
batterie jazzy, beaucoup de guitares folks et classiques, de l'orgue.
Des sonorités assez différentes de "Sound Inside".
L'album sera plus organique, moins froid, mais aussi plus sombre.
De plus, je chanterai cette fois la moitié des morceaux.
Ce qui donne aussi d'autres pistes. J'ai vraiment l'impression que
l'on réalise ce dont on rêvait. De plus, les morceaux
seront moins linéaires, moins basés sur une boucle,
et aussi beaucoup plus arrangés. Je trouve nos nouveaux morceaux
plus matures, plus profonds. Je pense aussi qu'ils seront plus intemporels
et qu'ils seront plus difficiles à décrypter, qu'ils
nécessiteront plusieurs écoutes.
Parlons un peu de ton blog Recorded Home. Tu as récemment
lancé l’idée de réadapter les compositions
de ce projet afin de les interpréter live. A quels types
de changements doit-on s’attendre ? Les morceaux seront-ils
plus peaufinés pour l’occasion ou tiens-tu à
conserver leur coté brut et dépouillé ?
Les morceaux vont être réarrangés. Le fait de
les retravailler avec Aurélien les bouleversent un peu. Il
apporte ses idées, son jeu de guitare et au final ce n'est
peut-être plus exactement les mêmes morceaux. Nous ne
sommes que deux donc ça restera relativement dépouillé,
mais les morceaux seront plus denses. Mais ce n'est pas facile d'adapter
ces morceaux. Sur le Blog, ils tiennent de par leurs mélodies,
mais aussi par leur côté lo-fi, leur fragilité.
Sur le Blog, il y a beaucoup de souffle et les morceaux sont compressés
en mp3. Je les avais écouté une fois sans la compression,
et je trouvais que ça marchait moins bien pour certains d'entre
eux. Le son est pour moi bien aussi important que la mélodie.
Je compose toujours à partir de la matière du son,
plutôt que la mélodie proprement dite. C'est le son
de ma guitare amplifiée par exemple par un micro qui va m'inspirer
une mélodie. Il me faut un son particulier à la base.
Est-ce que vous envisagez, toi et Jérôme, de
reprendre les mises à jour du blog prochainement ?
J'en ai parlé à Jérôme il y a quelques
temps. Il était partant et devait m'envoyer une première
photo, mais il ne l'a toujours pas fait. Je ne sais pas exactement
pourquoi... Peut-être ne prend-t-il pas de photos en ce moment.
En tout cas, la dernière fois que l'on en avait parlé,
on a évoqué le fait de reprendre qu'avec des photos
en noir et blanc avec un format spécial. On ne veut pas refaire
éternellement la même chose. En tout cas je pense que
nous allons reprendre mais je ne sais pas quand.
Sur ton site figure une liste des albums que vous avez écouté
et apprécié en 2005. Quels sont les cd qui t’ont
particulièrement marqué cette année ?
J'ai beaucoup écouté le dernier Minus Story et le
dernier Midlake. J'ai écouté aussi les deux derniers
Lisa Germano, les deux Grizzly Bear, "Illinois" de Sufjan
Stevens, tous les Spain. Je n'arrive plus exactement à voir
les disques sortis cette année... J'ai bien aimé aussi
le dernier des Strokes, le dernier David Pajo. Sinon j'ai découvert
aussi des vieilleries : les Beach Boys, Disco Inferno,... Mais j'ai
été déçu par des disques que j'attendais
: le dernier Sparklehorse, le dernier Belle And Sebastian, le dernier
Cat Power.
Peux-tu nous parler du dernier groupe à t’avoir
mis une claque en concert ?
C'est Sigur Ros au Transbordeur à Lyon pour leur dernière
tournée. C'était vraiment génial. C'était
prenant, intense, émouvant, parfait en somme. Mais généralement,
je ne suis pas un grand fan de concerts. Je préfère
toujours les disques. Mais l'autre grand concert que j'ai vu, mais
ça commence à dater, c'est Radiohead pour la tournée
d'"OK Computer". Pareil, c'était génial.
top
Debug (septembre 2006)
Interview de Gary réalisée
en septembre 2006
there are four persons in immune...
who writes the songs/how do you develop songs?
Well everybody writes for immune but Jean is the more likely to
turn up with an great idea a rythm or a loop but some track can
also evolve from a piano line from Martin (thousand leaves for instance).
I usually write the vocals and the lyrics, but then, Jean also finds
some nice vocal lines and will also be singing tracks on the next
album...
do you meet in a cellar and rehearse or do you rather meet
at home and record songs together?
(i am always curious as for me working alone is always me in front
of my gear, recording/fumbling with a digital audio interface and
adding live stuff and then doing manipulation of my recordings...)
We record in Jean's Small flat but never all at the same time, usually
by pairs...as for rehearsing we're not a garage band but we do muster
the energy to rehearse before a gig and when we want to try new
songs live.
what inspires you to write songs?
that's a tricky question, generaly speaking "Life" I guess...a
landscape can often be a source of inspiration . I think our aim
is to create a painting with sounds,the lyrics drafting a tale but
never unveiling it utterly... the listener is the one who ends the
process of creation for he is the one who imagines and creates the
final mental image of a song.
where does the melancholy come from?
Well, we're getting old so it's getting worse!!! I think you're
bound to be melancholic and suffer the pang of nostalgia...We don't
want to grow up probably and it's hard to face it day after day...however
most of immune members love to be miserable. (that's a joke it sounds
like Morrissey )
what do you do to earn a living?
Jean works in a cinema in Lyon, Martin spends most of days, recently,
reading Nietzsche! Julien is a gigolo, and I'm most of the time
a Substitute english teacher.
there are sideprojects... what kind of stuff is it? can you describe
it a bit?
I have a side project called Absence which is an electro "sweet"
PoP Lp...and Jean has an experimental solo project called "recorded
home".
how did you meet stilll?
Well the story is I wanted to release the record on CCO cos I really
love this label but then we met Alain that jean knew,while playing
in Brussels, he had just started his Label "Stilll" and
he was one of the first to support us.
We've also done a 5 track cd for Jason of "AI Records"
who is also a great guy.
what are the next plans?
We're about to finish our second Lp right now and we'll obviously
try to find a label or a structure to release it. Hopefully we'll
be doing some gigs next year. I'm really looking forward to that.
any projects that you dream about, bands you'd like to tour
with?
Being a friend and fan of Matt Elliot, I would love to tour with
him even if it would certainly end in a Nightmare...and my dream
is to play in Japan, i'd love to play there.
how important is playing live to you?
I love playing live even if I'm pretty nervous and hectic before
getting on stage... meeting people,listening to other bands live
is just sheer pleasure.
what are your favourite things? music, books, movies, food
I've just finished a biography of Byron and I've started Greil marcus's
"Lipstick traces" for the third time I don't know if that's
any good, we'll see...My summer was lulled by Tom Waits,Tim Buckley
and some seventies Funk...I haven't watched a lot of movies recently,
the last film I saw I really liked was Antonioni's "Profession
reporter", Summer belongs to cricket...a great game.
top
A Découvrir Absolument (mai
2006)
Interview
Interview de Jean-Sébastien
réalisée en Mai 2006
ADA : Quel chemin parcouru depuis vos premières démos
!
Immune : Je ne sais pas vraiment… Mais d'un point de vue
artistique, je pense que le meilleur reste à venir. Ma collaboration
avec Martin est maintenant au sommet, et je pense qu'avec les nouveaux
morceaux que nous travaillons actuellement, nous allons enfin réaliser
l'album dont nous rêvions. Sound Inside est l'aboutissement
d'une période de création de 2001 à 2005, et
je pense que nous avons réussi notre pari. Mais notre horizon
n'est plus le même et nous allons changer de direction. D'un
point de vue de la reconnaissance de notre musique, le chemin parcouru
n'est pas bien long en revanche... Enfin, il faut voir, peut être
que la sortie de notre album sur le label Stilll va nous aider à
prendre un peu d'ampleur. Mais être signer sur un label c'est
quand quelque chose pour nous, car nous en rêvions.
ADA : La direction prise était-elle définie
à l'avance. La compilation c'était le passage obligé
?
Immune : Non, il n'y avait rien de vraiment programmé. Si
nous avions eu la possibilité de sortir un album avant, nous
l'aurions fait, sans aucun doute. Les compilations ont été
des opportunités pour nous faire un peu connaître.
Mais notre rêve était de sortir un album sur un label.
ADA : N'avez-vous pas la volonté de plus en plus
aller vers l'épure ?
Immune : Je ne suis pas si sure. Ce travail de l'épure est
véritable sur Sound Inside, mais je ne suis pas sure que
l'on continue dans cette voie.
ADA : Le nom de votre groupe exprime la douceur la mélancolie
comme vos pochettes. C'est indubitable de votre musique ?
Immune : Oui, tout va dans ce sens. Tout cela est question d'intimité
et de pudeur je pense. Nous désirons créer une musique
belle et aimante, qui n'en fait pas trop pour séduire, mais
qui, quand elle entre votre cœur demeure. D'ailleurs toutes
nos pochettes de disque sont des photos de ma famille : de mon petit
frère pour Sound Inside, et de mes grands parents sur notre
demo Immune.
ADA : Quand on voit le nombre de groupes qui se calquent
sur des idoles, ce qui fascine chez vous c'est d'avoir explosé
cette emprise. Vous avez lutté contre cela ou tout est allé
de soit ?
Immune : Je suis un fan invétéré de Hood, et
il faut bien admettre que mes premiers morceaux étaient du
plagiat de ce groupe. Leurs arpèges de guitare m'ont définitivement
marqués, et aujourd'hui encore j'en ressens l'influence.
Mais bon, c'est comme ça, et il ne faut chercher à
tout prix à être original. Il faut faire la musique
la juste par rapport à soi, et être le plus honnête
possible. Voilà ce qui me semble être le plus important.
Après, tous les groupes sont influencés par leurs
aînés, et c'est bien normal. Ce n'est qu'avec le temps
que l'identité d'un groupe se dégage complètement.
ADA : Pourriez-vous un jour écrire en français ?
Immune : Non, pas dans le cadre d'Immune. Ca ne collerait pas. En
revanche, je me vois bien un jour faire un disque en solo en français.
Mais je pense que ce n'est pas encore pour demain.
ADA : Lâchez-vous la tension palpable sur scène
comme peut le faire encre ou bed, ou restez-vous dans les rails
sans déstructurer vos compositions ?
Immune : On essaie de faire en sorte que les concerts soient plus
rock. L'omniprésence de la batterie déjà ajoute
de la puissance par rapport au disque. Mais je pense que nous ne
sommes pas très bons en concert. Nous sommes définitivement
plus un groupe à albums. A cause de notre éloignement
géographique (Martin est à Paris, Julien à
Dijon, Gary à Saint Claude dans le Jura, et moi à
Lyon), nous ne progressons guère car on ne répète
presque jamais. C'est un peu dommage, mais ce qui nous plait le
plus est de réaliser des disques.
ADA : A propos de la scène votre pire et votre meilleur
souvenir ?
Immune : Le pire c'est indiscutablement celui à Lyon que
l'on a donné pour la manifestation " Les Quais des Guinguettes
". C'était en plein air, en plein milieu d'après
midi devant une dizaine de personnes assises qui mangeaient des
frites. Juste à côté de nous, il y avait un
groupe salsa qui jouait et qui nous couvrait sur les morceaux calmes.
C'était affreux, d'autant plus que je joue de la batterie
au clic par-dessus les séquences électro... C'était
tout bonnement insupportable. On avait rien à faire là.
C'est comme si on avait fait la fête de la musique à
côté d'un groupe de hard. Ce n'est pas possible pour
notre musique. En revanche, notre meilleur souvenir c'est notre
première partie de Matt Elliott à Dijon pour le festival
Novosonic. C'était dans un théâtre, les gens
étaient assis et à l'écoute. Les conditions
idéales en somme. En plus, faire la première partie
de Matt Elliott, c'était pour nous un honneur puisque on
est tous des grands fans.
ADA : La possibilité comme on put le faire Mansfield
Tya, Rodolphe Burger ou Angil de s'attaquer à la bande son
d'un film muet vous attire t'il ?
Immune : Oui ça nous tente beaucoup, et on a bien envie de
faire ça en live un jour. J'ai d'ailleurs réalisé
un film en super-8 " Headlights " sur lequel j'ai fait
la musique avec mon frère Julien. Ca a été
une très bonne expérience. J'espère qu'on renouvellera
ça un jour en groupe.
ADA : L'éloge de la lenteur, l'amour du silence.
Immune se retrouve dans ce genre d'idées ?
Immune : Assez oui. Mais ce ne sont pas non plus nos mots d'ordre.
ADA : Pous pouvez nous parler de vos projets parallèles
?
Immune : Pour ce qui est de la musique, Gary joue dans Absence,
duo qui lorgne du côté des Smiths, Sonic Youth. Pour
ma part, je tiens avec le photographe Jérôme Dittmar
le Blog Recorded Home où plusieurs fois par mois on se concerte
pour mettre en ligne un morceau et une photographie qui se font
écho. Après ça, Julien et Matin écrivent.
Julien a écrit " Alfred Le Funambule " et Martin
" La Monnaie Du Pape ", et tous les deux cherchent actuellement
un éditeur. De mon côté je réalise de
temps à autre des films courts en super-8.
ADA : Quelle est votre position face aux nouvelles licences,
aux téléchargements, à la nouvelle donne de
l'Internet ?
Immune: Je ne suis pas trop au courant de tout ça…
Donc je préfère ne pas trop m'étaler là-dessus
de peur de dire des bêtises.
ADA : En dehors des Mark Hollis, Arab Strap ou autres Radiohead
et Sigur Ros qu'est-ce-qu'écoute Immune en cachette ?
Immune : Pour ma part, j'écoute énormément
de musique et guette toujours les nouveautés. En ce moment
j'écoute beaucoup le dernier album de Minus Story que je
trouve fabuleux, et le disque de Grizzly Bear Horn Of Plenty. Mais
j'écoute aussi les derniers Dominique A, Morrissey. Pour
ce qui est de ce que j'écoute en cachette, ce serait Alain
Souchon, Christophe, des choses comme ça. Martin ne suit
pas l'actualité et se passe en boucle Hood et Matt Elliott,
mais écoute aussi des trucs comme Souchon, Coldplay, Snoop
Dogg,… Julien écoute des nouveautés et aime
bien Herman Dune, Cocorosie, Arab Strap,… Et Gary écoute
Sinatra, Morrissey,…
ADA : Avez-vous des envies de reprise pour la scène
par exemple ? Pourriez-vous vous imprégner d'un autre univers
?
Immune : A un moment donné, on a voulu reprendre la musique
de Céline Dion pour Titanic. Mais on ne l'a pas fait, et
on aurait eu trop peur de se faire jeter… Cela dit, on est
persuadé que ce morceau arrangé autrement pourrait
être très bon. Et pour avoir entendu Gary le chanter
en karaoké, je peux affirmer que ça aurait pu être
bon. Ce morceau est finalement assez proche mélodiquement
d'un morceau de Sigur Ros qui apparaît sur la B.O de Angels
Of The Univers.
ADA : Vous souhaitez donner une suite autre que sur le net
au Blog recorded home ?
Immune : Oui, et j'y travaille actuellement. En fait, j'ai le projet
de poursuivre l'idée de ce Blog sur scène en reprenant
les morceaux du Blog en les accompagnant de film super-8 qu'un ami
projetterait en même temps. Je travaille sur ce projet live
avec Aurélien de Cellar Door, et on cherche actuellement
un clavier et un violoncelliste pour nous accompagner sur scène.
Après, je pense que de cette expérience un album naîtra.
Je pense garder les meilleurs morceaux, les retravailler, et les
sortir sur disque.
ADA : Est-ce un hasard mais les quatre photos montrant les
membres du groupe vous montrent les yeux fermés. Vraiment
planant Immune ?
Immune : Oui c'est du pur hasard. Il nous fallait des photos pour
mettre sur le site, et on a mis ce que l'on a trouvé…
ADA: Votre playlist du moment ? Immune: - Minus Story - No Rest
For Ghosts et The Captain Is Dead, Let The Drum Corpse Dance - Grizzly
- Bear Horn Of Plenty - Daniel Johnston - Discovered Covered - Sparklehorse
- Tous les albums.
top
Immune par Immune
Réalisé
en Mai 2006, à l'occasion de la sortie de Sound Inside.
You Landscape
C'est un peu notre single, si on peu dire… Simplement
car c'est le seul morceau un peu entraînant. C'est un morceau
que je devais chanter au départ, et puis Gary a insisté
pour le chanter. C'est loin d'être notre meilleur morceau
à mon sens, mais c'était important d'avoir en ouverture
un morceau simple qui ne soit pas trop difficile d'accès.
Les paroles écrites par Martin évoquent le concept
de " visagéité " chez Deleuze, ce que je
trouve assez drôle. Ca raconte en gros la métamorphose
d'un visage en paysage. Tout un programme !
Acoustic Memories
C'est l'un de mes morceaux préférés : simple,
doux et aimant. Là aussi je devais le chanter à la
base, mais quand on a commencé à le répéter
pour les concerts, Gary a tenu à ce que ça soit lui
qui le chante. J'aime bien les arrangements, le mélange des
sonorités entre le piano, le rythme electro et le violoncelle.
Through
Tides
Ce morceau commence a bien daté, puisqu'il figurait sur notre
première demo. C'est l'un des morceaux que les gens préfèrent.
Il ressort souvent dans les chroniques. Pourtant, je pense que l'on
a raté un petit quelque chose avec ce morceau. Il y a un
problème de basse, d'intensité. Peut-être que
l'on aurait du rajouter une autre batterie, rajouter des sons, je
ne sais pas… Mais il y a un problème de son pour moi.
The Same Old Throb
C'est le seul morceau instrumental de l'album. Je pense que les
gens n'y prêtent pas trop d'attention, car on ne nous en parle
jamais… C'est dommage car je le trouve vraiment bon, et assez
original. Il a une noirceur et un côté lyrique à
la fin que j'aime vraiment.
Lighthouse
C'est mon morceau préféré, et le seul morceau
où Julien ait participé au stade de la composition.
Les arpèges sont de lui, et je les trouve assez originales.
C'est aussi le dernier morceau que l'on ait composé pour
l'album. Ce que je trouve très réussi sur ce titre
c'est les mélanges de grains entre les arpèges de
guitare sèche, la programmation electro et le piano. Cela
dit, la fin n'est pas à la hauteur de ce que l'on espérait.
On aurait aimé mieux travailler les chœurs de la fin,
mais nous n'y sommes pas vraiment parvenus…
Streams Go Blind
C'est l'un des morceaux les plus simples que l'on ait composé
à mon goût. L'arpège est évident, les
arrangements limpides. Ce morceau fait du bien sur le disque. Il
est plus chaleureux, et porte de manière plus directe. J'aime
beaucoup dessus le mélange des voix de Gary, je trouve ça
simple et émouvant.
Headfirst
Voilà le morceau qui définit le mieux ce que nous
avons voulu faire sur Sound Inside. Il est acoustique avec son piano
et sa batterie au début, et devient de plus en plus electro
au fur et à mesure. C'est aussi le morceau le plus complexe
du point de vue de la structure. Je pense qu'il demande plus d'effort
pour l'appréhender.
Wandering Clouds
C'est le morceau préféré de Martin, mais aussi
de Matt Elliott. Mais généralement, il gonfle plutôt
les gens. C'est un morceau froid et pur. Il est très minimaliste
et très mesuré. Je pense que c'est l'un des morceaux
les plus singuliers que l'on ait fait.
Thousand Leaves
C'est un morceau de Martin à la base. C'est le plus vieux
de l'album, car Martin le traîne depuis 8 ans peut-être
! La mélodie et les arrangements sont vraiment très
beaux, mais on a pas réussi à lui rendre vraiment
justice. Le son général est moyen et je pense qu'avec
plus de matériel on aurait pu arriver à mieux. C'est
un peu dommage.
Father's Falling
Ce morceau est aussi très vieux, car je le traîne depuis
le lycée je crois. Il faisait aussi parti de notre première
demo, et notre label a demandé à ce qu'il réapparaisse
sur Sound Inside. On a juste réenregistré le chant
depuis. C'est un morceau que j'aime bien car il a un côté
planant, libéré que les autres morceaux n'ont pas.
En tout cas, c'était le morceau idéal pour clôturer
le disque.
top
01 audio-video (aôut
2005)
Interview de Jean-Sébastien
réalisée en Août 2005
Q. : "Immune", le groupe, est né en 2001 mais depuis
combien de temps vous connaissez-vous et comment est née
l'envie de créer un groupe ?
R. : Julien et moi sommes frères donc nous nous connaissons
depuis toujours ! Sinon j’ai rencontré Martin au collège,
car nous étions dans la même classe. On n’a commencé
à se fréquenter qu’aux premières années
du lycée en faisant un peu de musique ensemble. A partir
de là, on n’a jamais cessé de travailler ensemble.
Nous avons rencontrés Gary plus tard, en 2000. On cherchait
un chanteur pour un projet que je menais alors, et c'est par l'intermédiaire
d'un ami commun que l'on s'est rencontré. L'envie de créer
un groupe n'a pas été pensée du tout. Nous
faisions tous de la musique depuis longtemps et Immune est né
naturellement des cendres de mon ex-projet solo auquel se sont ajoutés
Martin, Julien puis Gary.
Q. : Pourquoi ce choix de nom : Immune ?
R. : C’est Martin qui en a eu l’idée. Ce nom
sonnait bien et c’est essentiellement ce qui nous a poussé
à le retenir. Ce mot est court, simple et la signification
en plus nous plaisait bien ...
Q. : Vous êtes tous assez jeunes. C'est quoi la moyenne
d'âge ?
R. : Gary est le plus âgé (28 ans) et Julien le plus
jeune (21 ans), sinon Martin et moi avons 25, 26 ans. Le groupe
tourne donc autour des 25 ans.
Q. : Vous êtes des musiciens autodidactes ou vous
avez une formation musicale ?
R. : On a tous suivi des cours à un moment donné,
mais rien de vraiment sérieux ... Cela s’est limité
à un an, voire deux ans. Nous sommes autodidactes et pour
moi c’est une vraie fierté ! Je ne regrette pas du
tout de ne pas avoir suivi de cours régulièrement.
J’ai le sentiment d’être plus libre ainsi, d’être
capable de mieux expérimenter.
Q. : Entre le moment où le groupe s'est formé
(2001) et le moment où vous avez sorti votre premier album
(Immune - Février 2004), il s'est passé pas mal de
temps, ce qui laisse à penser que vous avez pris votre temps
et laissé mûrir des choses non ?
R. : Oui, pas mal de temps s’est écoulé car
nous voulions que "Immune" sonne le mieux possible. On
a mis de côté des morceaux et sommes revenus de nombreuses
fois dessus. Après, ce qui nous a aussi pas mal retenu, c’est
que, pendant ces années, Gary habitait Angers et que les
autres membres étaient plutôt vers Lyon, Dijon. Mais
nous sommes aussi lents et perfectionnistes !
Q. : Par contre, à partir d'"Immune", tout
semble s'accélérer : 2 dates de concert fin 2004,
à peu près un concert par mois en 2005 et la sortie
en Avril de "Sound Inside" ... Vous avez trouvé
vos marques et un rythme de croisière on dirait ?
R. : Depuis 2004 et notre premier concert, c’est vrai que
les choses se sont accélérées. Tout est parti
de Radio Campus Dijon qui nous a demandé de faire la première
partie de Matt Elliott à Dijon pour le Festival Novosonic.
Nous n’avions alors jamais répété ensemble,
et donc le fait d’avoir une date de concert programmée
nous a fait rebondir. Après ce concert, on a pu alors participer
aux tremplins du Printemps de Bourges, des Eurockéennes,
et à d’autres. On a eu pas mal de chance et je pense
que l’on s’en est bien sorti vu l’expérience
que nous avions alors de la scène. "Sound Inside"
a été composé assez vite par rapport à
"Immune". Je ne saurais pas expliquer pourquoi. Là,
on travaille sur le troisième, mais vu comme c’est
parti, j’ai bien peur que ce disque ne voit pas le jour d’ici
un petit bout de temps ...
Q. : "Sound Inside" est un album très abouti.
Les arrangements sont superbes. Les critiques ne s'y sont pas trompé
: je n'ai vu que des chroniques élogieuses ... c'est bon
signe dans votre effort de prospection auprès des professionnels,
non ? D'ailleurs, des rumeurs circulent sur la toile comme quoi
votre signature avec un label serait imminente : vous confirmez
? Qu'en est-il exactement ?
R. : On est très content de l’accueil de notre disque
par les critiques. Ça a été une très
bonne surprise ! C’est motivant et encourageant. Cela donne
envie d’aller plus loin, de progresser. Sinon, oui effectivement,
nous devons signer sur un label très prochainement. Je ne
préfère pas trop m’étaler sur la question
tant que rien n’est signé ... Je dirai juste que nous
avons eu trois propositions : de deux labels belges et d’un
allemand. Dès que les choses seront plus engagées
et que la signature sera faite, nous l’annoncerons sur notre
site. En tous cas, nous sommes très heureux d’avoir
trouvé un label. C’était un peu notre rêve,
et du coup c’est assez étrange de sentir que c’est
sur le point de se réaliser.
Q. : J'ai lu quelque part, qu'un des avantages, pour vous,
du home studio, c'était de pouvoir contrôler votre
travail de A à Z. Si vous passez sur un label - ce que l'on
vous souhaite bien sûr - ce dernier aura nécessairement
une influence dans la prise de décisions. Comment comptez-vous
modifier votre façon de travailler ?
R. : Pour l’instant, il n’y a pas eu de problèmes
majeurs avec les labels ... Ceux avec qui nous avons pu aborder
le sujet nous ont plus fait des suggestions qu’autre chose.
Tout peut se négocier et nous ne sommes pas obtus. Un label
a un problème avec l’ordre des morceaux et deux morceaux,
l’autre avec un autre titre ... Nous verrons, mais je ne me
fais pas trop de souci là-dessus.
Q. : Au fait, vous êtes plutôt Mac ou PC ? Et
avec quels logiciels travaillez-vous ?
R. : On travaille sur PC et avec Cubase SX. Mais notre premier album
"Immune" a été enregistré sur un
8-piste numérique.
Q. : Actuellement, sur votre site Web, vous offrez quelques
extraits de morceaux du dernier album à télécharger
en MP3, certains morceaux sont même disponibles en entier.
Vous participez aussi régulièrement à des compilations
téléchargeables gratuitement : pour vous, Internet
est un bon vecteur de promotion pour vous faire connaître
?
R. : Oui, Internet est idéal pour ça. Notre site est
assez visité et ça nous permet de faire découvrir
notre musique à des personnes de l’autre bout du Monde,
et ça c’est assez excitant. Je sais que notre site
est visité à 50% par des américains par exemple.
Sans Internet, vraiment beaucoup de portes ne se seraient pas ouvertes
à nous !
Q. : Quelle est votre position vis à vis des téléchargements
pirates sur le Web ? Est-ce que vous pensez que ça peut être
gênant pour un jeune groupe comme Immune ou bien que les majors
ont monté le truc en épingle parce que c'est surtout
gênant pour eux ?
R. : Honnêtement, je ne sais pas trop quoi en penser ... Je
ne sais pas si c’est un handicap ... Personnellement, je télécharge
beaucoup pour découvrir de nouveaux groupes. Mais après,
si un album me plait, je me pousse à l’acheter. Je
me doute bien que tout le monde ne fait pas ça et donc du
coup, je ne sais pas trop ... mais au fond de moi j’aurais
plutôt tendance à penser que c’est une bonne
chose.
Q. : Le gros handicap des groupes français pour se
lancer dans la pop, c'est souvent la langue. Le français
pour la pop, c'est vraiment pas terrible ... hors de l'anglais,
point de salut mais les français chantant en anglais, ça
fait souvent marrer ... Vous, vous vous en sortez plutôt bien
: c'est quoi votre secret ?
R. : Gary est bilingue ! Donc ceci explique cela !
Q. : Parmi vos influences revendiquées, on trouve
Mark Hollis, Sigur Ros, Arab Strap, ... tous anglo-saxons. Il y
a des gens en France dont vous vous sentez proches ?
R. : Oui, il y en a. Moins certes, mais il y en a ! On se sent assez
proches de Bed, Cyann And Ben, Playdoh, Sébastien Schuller
ou encore Syd Matters. Pour ceux qui chantent en français,
on aime bien Dominique A, Bashung, Murat, Françoiz Breut
... Mais c’est vrai que nos influences sont avant tout anglo-saxonnes.
Q. : Et la scène Lyonnaise actuelle, elle est comment
? Y'a des trucs à découvrir ?
R. : Je la connais assez mal finalement mais il y quelques groupes
que j’aime bien : Cellar Door (groupe avec lequel je joue
sur scène), May Fly, Moonchild ... Après, je ne vois
rien d’autre, mais je ne suis pas très curieux non
plus ... Et il faut reconnaître aussi qu’en général
nous sommes assez difficiles.
Q. : Deux d'entre vous ont d'autres projets musicaux (Cellar
Door et Yawn pour Jean Sébastien Nouveau, The Absence pour
Gary Soubrier) en parallèle d'Immune. Vous gérez ça
comment ?
R. : Immune reste la priorité, mais pour l’instant
l’un n’a jamais gêné l’autre ...
Q. : En février (2005), vous parliez d'enregistrer
un mini album (quasiment prêt) après la sortie de "Sound
Inside". Où en est ce projet ?
R. : Disons que pour l’instant il est mis de côté
... Il n’est pas perdu et nous retravaillerons dessus à
un moment donné. On pensait le réaliser juste après
"Sound Inside" pour marquer une pause en faisant quelque
chose de plus simple et différent. Mais en réalité,
on s’est remis directement à composer de nouveaux morceaux
pour le prochain album. On a déjà quelques demos et
du coup le mini album est mis de côté pour l’instant.
Mais nous tenons à ce projet et il sortira, ça c’est
sûr, après quand, nous ne pouvons pas le dire ...
Q. : Pourra-t-on vous voir en concert en région parisienne
un de ces jours ?
R. : On l’espère ! On ne demande que ça de faire
des concerts ! Mais c’est vraiment difficile. Chercher des
dates est boulot à temps plein. C’est insupportable
comme travail ! Il faut essuyer les refus, insister et insister
encore. A la rentrée, je pense que nous allons partir en
quête d’un tourneur si jamais notre label ne s’en
occupe pas totalement. Mais si quelqu’un à un plan
à nous proposer à Paris, on saute dessus !
Q. : Votre playlist favorite ?
R. :
* Sigur Ros : ( ) (album absolument fabuleux)
* Hood : C’est mon groupe préféré ...
Depuis leur album "Rustic Houses Forlorn Valleys", je
suis un fan invétéré
* Mark Hollis et Talk Talk : Spirit Of Eden et Laughing Stock
* Matt Elliott : Ses deux derniers disques sont merveilleux
top
Le Bien Public (juillet 2005)
Quartier Libre . n°244 . 1er
au 07 juillet 2005
IMMUNE par IMMUNE
On les a croisés à l'occasion des tremplins
des Eurockéennes et du Printemps de Bourges. Depuis, grâce
à une pop subtile mariant électro et acoustique, Immune
a gagné ses galons de groupe régional de référence.
Aujourd'hui, en passe de signer sur un label étranger, Immune
revient en huit mots clés sur la genèse du groupe,
par la voix de son principal compositeur, Jean-Sébastien
Nouveau.
RENCONTRE
« Immune est né d’un projet solo que je menais
juste avant Immune. En 2000, je venais d’achever un premier
album, quand je me suis mis à rechercher des gens pour créer
un groupe et jouer ces morceaux en live. Naturellement, Martin (guitares,
piano, claviers)- avec qui je fais de la musique depuis le lycée
- m’a rejoint, puis Julien (basse et violoncelle) –
qui est mon frère – et ensuite, Gary (chant, guitares),
que j’ai rencontré par un ami commun. Au final, on
n’a jamais fait de concert, ni aucune répétition,
mais Immune s’est formé ! On a fait une demo 5 titres
sous le nom de Yawn et puis peu de temps après, Yawn s’est
transformé en Immune ».
INFLUENCES
« Nos influences se situent plus du côté de la
pop et du post-rock que de la musique electro, que nous connaissons
finalement assez mal. Pour citer nos plus grosses influences, il
y a Mark Hollis, et Robert Wyatt, qui représentent pour nous
une sorte d’idéal esthétique. Sinon, on se sent
très proches de groupes comme Hood, Sigur Ros, ou encore
Bed ou Sébastien Schuller pour citer quelques français.
Mais la liste pourrait être très longue ! (Matt Elliott,
Radiohead, Tindersticks, Piano Magic…)».
SOUND INSIDE
« Sound Inside est notre premier véritable album. On
avait déjà réalisé un premier mini-album
7 titres Immune en 2003, mais Sound Inside sera le premier album
officiel du groupe puisqu’il sortira courant de l’année
prochaine sur un label. Ce disque est pour nous une sorte de compilation
des meilleurs morceaux d’Immune depuis sa formation. Ce disque
est très important pour nous car il est le premier, et aussi
parce qu’on pense qu’avec lui, nous avons assez bien
réussi à nous affranchir de nos influences pour créer
une musique qui nous est propre. Je pense que notre formule electro-pop
est assez personnelle pour se démarquer de ce qui se fait
dans le genre ».
HOME STUDIO
« Pour l’instant nous n’avons jamais enregistré
en studio. Nous enregistrons toujours dans nos appartements, que
ce soit à Lyon, Dijon ou Saint Claude. Ca nous offre une
plus grande liberté, et ça nous permet vraiment de
ne pas fractionner les phases d’écriture et d’enregistrement.
Après, on enregistrera sans doute en studio, un jour, si
l’opportunité se présente. Mais on tire un réel
plaisir à tout faire nous-même, à tout contrôler
du début à la fin. Il y a vraiment une grande satisfaction
à tout faire du début à la fin !»
VIDEO
(OU CINEMA)
« Je suis en DEA cinéma à Lyon, et on aimerait
vraiment bien projeter des films super 8 pendant nos concerts. Mais
ça demande beaucoup de travail si on doit faire les films
nous-même en plus de la musique. Je pense qu’à
long terme ça arrivera quand même, car on garde cette
idée en tête. On a des idées de films pour quelques
morceaux, mais ce n’est pas encore à l’ordre
du jour. Cette année, j’ai aussi rencontré à
la fac un ami (Jérôme Dittmar) qui a réalisé
un DVD à partir de notre premier album demo « immune
». Le résultat est intéressant car ça
ne correspond pas du tout aux images que l’on aurait mises
sur notre musique. Jérôme a mis en images notre musique
à partir de films super 8 qu’il a tournés durant
un voyage à Tokyo. Le DVD devait sortir sur un petit label
belge, mais pour des histoires de droits, ça parait aujourd’hui
très compromis…»
NOVOSONIC
« Jouer au Festival Novosonic l’octobre dernier a été
une vraie chance ! C’était notre tout premier concert,
et on ne pouvait rêver mieux que de faire la première
partie de Matt Elliott, ainsi que de jouer dans le même festival
que Cyann and Ben, Shannon Wright, ou encore Piano Magic. On doit
beaucoup à Radio Dijon Campus, Audio Bazard et l’Atheneum
! Sans eux, on n’aurait certainement pas pu participer aux
tremplins du Printemps de Bourges et des Eurockéennes ».
LABEL
« Cette année a été fructueuse, et si
tout va bien, nous devrions signer sur un label dans le mois qui
vient. Nous avons eu trois propositions, provenant de deux labels
belges, et un allemand. Pour l’instant on examine les propositions,
et puis nous allons nous engager. Nous attendions ça avec
impatience, et nous sommes très heureux que trois labels
s’intéressent à nous ! Pour l’instant
je ne peux guère en dire plus, même si nous avons notre
idée sur le label vers lequel nous allons nous orienter…».
PROJETS
« Nos projets pour la rentrée sont de pas mal tourner,
et d’accompagner au mieux la sortie de l’album. Nous
avons commencé aussi à travailler sur un nouveau disque
qui commence à se dessiner petit à petit. Il sera
certainement plus jazzy, plus acoustique et plus sombre, mais nous
verrons en composant quelle orientation prendra le disque.
Gary et moi avons 2 projets parallèles. Gary joue au sein
du duo The Absence qui est assez rock, et qui peut faire penser
aux Smiths, Sonic Youth. Pour ma part, j’officie au sein du
groupe lyonnais Cellar Door où je suis juste instrumentiste
pour les concerts. Cellar Door est une sorte de mélange de
folk et d’electro ».
top
Propos
recueillis par Pierre Carlet
Infratunes (février 2005) <
Interview de Jean-Sébastien
(Février 2005)
Entrons directement dans le vif du sujet : parmi vos
influences, vous citez plusieurs artistes (Sigur Ros, Mark Hollis,
Arab Strap, etc.). Qu'est-ce qui, selon vous, fait l'originalité
d'Immune?
Nous
citons souvent Mark Hollis, Arab Strap, Hood, Sigur Ros ou Matt
Elliott, pour donner une idée de ce à quoi ressemble
notre musique à quelqu'un qui ne nous connaîtrait pas.
Mais donner nos influences est aussi un bon moyen de nous inscrire
dans une lignée, une "famille" de groupes à
laquelle nous pourrions appartenir. Mais nous ne sommes pas un Hood
bis ou quelque chose comme ça. Nos influences sont maintenant
digérées, et nous nous rapprochons de certains de
ces artistes par certains aspects uniquement. Pour aller vite, nous
pourrions dire que nous avons le côté dépouillée
de Mark Hollis, la mélancolie de Hood, le chant bas d'Arab
Strap. Aujourd'hui, je pense qu'avec le nouvel album sur lequel
nous travaillons (qui sera certainement prêt au printemps),
nous arrivons à proposer une musique originale qui se démarque
pas mal de nos influences premières et de ce qui se fait
actuellement. L'enjeu principal d'Immune jusqu'à présent
était de composer une musique qui mêlerait pop organique
et musique électronique de manière inédite.
Beaucoup de groupes proposent ce genre de mélange, mais disons
qu'il me semble que nos dosages ne sont pas les mêmes que
les autres, et de ça, entre autres, naît notre originalité.
Vous
décrivez votre musique comme de l' " electro-pop somatique
". L'expression m'intrigue et, pour tout dire, me laisse perplexe.
Pouvez-vous nous en dire plus? Est-ce simplement un "genre
musical" de plus ou cela implique-t-il un rapport spécifique
à votre musique ?
Au
départ, le terme " electro-pop somatique " est
venu d'une blague de Martin. Souvent quand on nous demandait quel
genre de musique on faisait, on ne savait pas trop quoi dire, comment
expliquer vraiment. Mais heureusement, Martin face à ce problème
de premier ordre, nous a sauvés en trouvant cette petite
formule ! Désormais quand on nous demande " Quel genre
de musique vous faîtes ? ", on peut répondre fièrement,
de manière pédante et digne " De l'electro-pop
somatique ! ". Mais au-delà de la blague, on a conservé
le terme, car il intriguait pas mal les gens, et suscitait en eux
la curiosité. D'ailleurs, pas mal de webzines qui ont chroniqué
notre disque ont repris ce terme. De plus, l'expression " electro-pop
somatique " définit assez bien notre musique : parce
qu'elle contient nos aspirations (electro et pop), mais aussi parce
que la particule "somatique" en dit pas mal long sur le
caractère limite endormant de notre musique ! "Soma"
se réfère au corps, au corps mort, au corps endormi.
Electro-pop somatique signifie donc en gros : electro-pop planante,
rêveuse, propice à l'état de veille. Ce n'est
pas un nouveau genre, mais juste une manière de mieux définir
notre musique rapidement, et de susciter l'intérêt.
Pour notre recherche de label pour notre nouvel album, je pense
d'ailleurs mettre en avant cette étiquette qui à mon
avis est à notre avantage. Mais nous ne créerons pas
de dogme en 10 points sur ce qui définit une musique dite
" electro-pop somatique ", même si cela pourrait
être très drôle !
Il
y a donc deux tendances dans votre musique. À mon sens, elles
vont jusqu'à créer une forme de tension entre des
éléments "pop" et d'autres plus "expérimentaux",
tension qui se remarque d'ailleurs nettement dans un morceau comme
" Father's Falling ". Je mentionne " Father's Falling
" parce qu'on y a l'impression que ces deux types d'éléments
(pop vs. expérimentaux) y sont nettement distingués
comme pour souligner le thème de la chute. Cela semble indiquer
que le "mélange" que vous recherchez n'est pas
nécessairement de l'ordre de la synthèse…
La
tension dont tu parles est née naturellement, et c'est du
coup assez difficile d'en parler. Quand nous composons et arrangeons
un morceau, nous ne cherchons pas forcément à créer
une telle tension. En général, nous écoutons
les prémices du morceau, et au gré de ce qui nous
passe par la tête, nous venons y ajouter une note de clavier
ou un son que l'on imagine bien coller au morceau. Quand on arrange
un morceau on recherche avant tout une sorte de beauté et
d'harmonie. S'il n'y a pas de synthèse entre éléments
"pop" et d'autres plus "expérimentaux",
on peut peut-être plus parler d'harmonie, dans le sens où
ce qui nous importe c'est d'établir un certain équilibre,
créer un paysage sonore original et cohérent. Nous
sommes expérimentaux seulement dans le sens où nous
tentons de faire de la pop avec des instruments, des rythmes bricolés
ou des sons.
Tu
mentionnes un côté "dépouillé"
de votre musique. Ce côté dépouillé,
ou épuré, est assez sensible. Comment êtes-vous
parvenus à l'obtenir ? Est-ce quelque chose qui vous vient
naturellement lorsque vous jouez ensemble ? Est-ce quelque chose
qui demande un travail spécifique au niveau de la production
?
Pour
commencer, nous ne composons jamais tous ensemble. De 2001, date
à laquelle Immune s'est formé, jusqu'à l'automne
dernier, nous nous étions vu tous ensemble 3 ou 4 fois !
Pendant ces 3, 4 ans, nous fonctionnions un peu à la manière
de Labradford. La création d'un morceau se déroulait
en gros, en 3 temps. 1/ Je commençais un morceau seul dans
mon coin (à Dijon ou à Lyon), en posant les fondations
(rythmes, mélodie principale, ligne de chant), 2/ Martin
me rejoignait à Dijon pour définir la structure du
morceau et pour l'arranger, 3/ Puis seulement après, Gary
venait me rendre visite à Dijon ou à Lyon pour poser
sa voix sur le morceau, rechantait la ligne de chant que j'avais
faite ou en trouvait une autre. Le premier album " Immune "
s'est déroulé comme ça pour la plupart des
morceaux du disque (excepté pour " Hundred leaves "
qui est quasi entièrement un morceau de Martin).
Le côté dépouillé de l'album est né
sans doute de cette manière de faire où tout s'est
fait par petites touches successives. Quand j'apportais un morceau
à travailler à Martin, nous ajoutions ses parties
(arpèges, ondes de guitares, sons, etc.) avec parcimonie,
avec le souci du détail. Martin et moi voulions ouvertement
privilégier l'épure et le dépouillement au
sein de nos morceaux. On ne voulait pas en faire trop. On recherchait
à ajouter juste ce qu'il fallait et pas plus. Aujourd'hui,
par rapport à tout ça, nous sommes un peu en mutation,
car le fait de jouer sur scène pour la première fois
depuis cet automne a changé un peu la donne. Désormais,
Gary et Julien sont plus impliqués dans le groupe qu'auparavant,
et nous fonctionnons de plus en plus comme un "vrai" groupe.
Même si Martin et moi sommes toujours un peu les piliers d'Immune
du fait que c'est principalement nous qui écrivons les morceaux
du groupe, Gary trouve désormais ses lignes vocales seul,
Julien se met à composer, et les deux ont une place plus
importante dans nos choix artistiques. Mais le côté
épuré et dépouillé demeure encore aujourd'hui
dans nos nouvelles compositions, même si c'est peut-être
dans une moindre mesure. Nous tenons à rester sur la tangente
plutôt que de tomber dans la "surexpression".
Au niveau de la production, nous cherchons à conserver un
son assez fin, qui ne soit pas "boosté". Nous ne
sommes pas en recherche d'un gros son. Nous aimons notre son, fait
à l'ordinateur chez nous. Le côté artisanal
reste pour nous important. Le caractère, la spécificité
du son sont des éléments aussi importants que la composition
ou l'originalité d'un son de guitare. Nous aimons tout pouvoir
contrôler, de la composition à la production, maîtriser
notre son.
Le
home studio semble constituer pour vous le modèle du travail
d'enregistrement ? Pourrait-on ainsi parler d'une certaine "idéologie"
du home studio (même si le terme "idéologie"
est peut-être un peu fort) comme un moyen d'échapper
au formatage croissant de la production musicale ?
C'est
vrai que le home studio est un peu pour nous un modèle de
travail. Toutes les phases de création apparaissent pour
nous en même temps, et s'enregistrer à la maison permet
de ne pas faire de distinction entre ces phases souvent scindées
: 1/ la composition, 2/ l'enregistrement, 3/ le mixage. Par exemple,
l'enregistrement et le mixage apparaissent dès le stade de
la composition et ça, c'est l'une des chances qu'offre le
home studio. Il n'y a pas réellement de démos de nos
morceaux. Bien souvent, la plupart des éléments enregistrés
au stade de la composition demeurent au mixage final, sauf si le
son et l'interprétation sont trop mauvais.
Le grand avantage du home studio, c'est aussi que l'on enregistre
quand on a envie. En général, on ne fait pas de réelles
séances d'enregistrement - sauf quand il le faut, comme en
ce moment où nous réenregistrons ce qui sonne mal.
Tout fait se naturellement, et s'insère totalement dans notre
quotidien, et nous aimons ce mode de fonctionnement.
Et puis le troisième grand avantage, c'est que nous contrôlons
totalement notre son. De A à Z, nous prenons toutes les décisions,
et c'est un bon moyen d'échapper au formatage dont nous pourrions
être victimes si nous passions par un studio. Nous ne sommes
pas contre le fait d'aller en studio, bien au contraire, mais nous
n'en sommes pas là pour l'instant. Pour l'instant nous désirons
maîtriser totalement notre son, avant de soumettre nos morceaux
à quelqu'un d'extérieur. À l'avenir, l'expérience
sera intéressante, mais pour enregistrer en studio, il faut
du temps, et donc de l'argent pour travailler correctement, et nous
n'en avons pas ! Mais nous ne nous débrouillons pas trop
mal seuls, même si nous sommes par exemple contraints de mettre
plus de boîtes à rythme sur le disque parce que l'on
a pas le matériel pour enregistrer une batterie. Mais le
côté artisanal de nos enregistrements nous plaît
bien, et ça nous force à être peut-être
plus inventifs. Nous n'enregistrons pas de manière académique,
et je pense que ça se ressent sur certains morceaux. Par
exemple, nous enregistrons directement les guitares sans passer
par des amplis, les captations de batterie se font par un vieux
micro de caméra super-8. Petit à petit, on a trouvé
des techniques qui nous sont propres et que l'on arrive à
bien maîtriser. Je ne sais pas si on peut vraiment parler
d'une "idéologie" du home studio, mais ce modèle
d'enregistrement nous plaît beaucoup !
Vous
êtes actuellement en période d'enregistrement. À
quoi ressemblera votre prochain album ? Dans quelle direction vous
orientez-vous ? Sans le dévoiler, peux-tu nous dire quelles
seront les différences notables par rapport au premier album
?
En
fait, nous sommes en train d'enregistrer le dernier morceau de l'album,
mais nous sommes actuellement plus dans une phase de mixage. Martin
et moi avons quasiment terminé le mixage des 12 autres morceaux.
L'album que nous préparons sera notre deuxième disque,
et notre premier véritable album, étant donné
que le précédent atteignait à peine les 40
minutes. Cet album comprendra 13 titres dont 5 tirés du premier
disque - mais un peu remaniés - et 9 nouveaux. Ce sera une
sorte de compilation des meilleurs morceaux que l'on a composés
depuis nos débuts. Le "very best of" d'Immune !
Ce disque sera aussi beaucoup plus diversifié que le précédent.
Il contiendra des morceaux plus pop, plus rythmés, plus intenses,
mais on retrouvera aussi le côté plus expérimental,
mélancolique, plus froid d' " Immune ". Cette synthèse
me paraît bonne, et met bien en valeur l'originalité
de chaque morceau. Ce disque sera vraiment pour le coup " electro-pop
somatique ", les nouveaux morceaux correspondant bien à
cette étiquette. Dans l'ensemble, les 9 nouveaux titres sont
plus ouverts dans tous les sens du terme. Nous nous sommes un peu
plus lâchés, et n'avons pas eu peur à certains
moments d'aller vers des choses plus expressives et plus lyriques.
Je suis vraiment fier de l'album que nous sommes en train de faire,
et nous espérons bien cette fois trouver un label !
Mais, nous pensons déjà à une suite, un album
plus sombre et plus acoustique, voire jazzy, mais nous n'en sommes
pas là. Entre temps, nous allons enregistrer un mini album
quasiment entièrement composé au piano. Tous les morceaux
sont composés, donc normalement tout ça ira vite.
top
Merry Go Round (novembre 2004)
Interview de Jean-Sébastien
Dans les nuages.
Entre électronique organique et guitares éthérées,
Immune construit sur son premier album un univers enclin à
la rêverie tendre et au spleen nocturne. Sept titres qui pourraient
annoncer une belle éclosion sonore pour l'avenir. A suivre
donc.
[ interview : Gaylor Olivier / photo : D.R]
Des
photos sépias d'un enfant illustre votre disque. Te souviens-tu
des images, sons ou musiques qui ont bercé ton enfance ?
Jean-Sébastien
Nouveau : Il y avait toujours de la musique chez moi quand j'étais
petit. Mon père était musicien et passait beaucoup
de rock progressif : Genesis, Yes, King Crimson,... Mais je me souviens
davantage de son matériel, de ses vieux claviers, de son
8-piste que j'ai réutilisés ensuite quand j’ai
commencé à composer. J'ai été aussi
pas mal bercé par le super-8, par les vieux films de vacances
que l'on regardait en famille occasionnellement. De ce fait, j'ai
toujours été un peu absorbé par les vieilles
images, les vieux sons. J'aime leur grain, leur texture, leur mélancolie.
Est-ce
justement cette ambiance familiale qui t’a amené à
faire de la musique ou est-ce un/des disques qui ont été
le déclencheur ?
L'ambiance
familiale y a été certainement pour quelque chose...
Mais je ne sais pas trop dans quelle mesure exactement, et de quelle
manière ça m'a influencé. Je n'ai pas vraiment
de souvenir de disques qui m'ont amené à faire de
la musique. J'ai commencé assez naturellement en fait à
me mettre à faire de la musique, peut-être même
avant d'en écouter. J'ai pris quelques cours de piano enfant,
et j'ai commencé comme ça... Mais je me suis mis à
écouter vraiment de la musique qu'au collège. J'écoutais
surtout Nirvana et des groupes plus pop-rock comme Oasis, les Smashing
Pumpkins, Cure,... Ce n'est qu'au lycée que mes goûts
se sont affinés, et où j'ai découvert les groupes
qui sont devenus "phares"pour moi. Il y a eu l'achat de
quelques disques qui m'ont vraiment marqué : second de Tindersticks,
Ok Computer de Radiohead, et surtout les disques de Hood à
l'époque où Matt Elliott collaborait avec eux. Et
puis j'ai découvert la musique de Labradford, des Rachel's...
Ma culture musicale s'est alors pas mal fondée par le post-rock.
J'aimais la musique calme, mélancolique et minimaliste.
Comment
as tu rencontré les autres membres d'Immune ?
J'ai
d'abord rencontré Martin au collège, mais on ne se
connaissait pas trop. Juste de temps en temps on parlait un peu
musique : d'Oasis, de Suède, de Nirvana, de ce qu'on aimait
à l'époque. Et puis on s'est perdu un peu de vue un
moment avant que l'on se recroise plusieurs fois à la Fnac
à chercher les mêmes disques. Très vite on s'est
mis à se voir et à passer des après midi entières
à jouer This is a lie de Cure... On a rencontré Gary
bien après, lorsque l’on projetait de faire des concerts.
Je venais juste de terminer un premier disque en solo sous le nom
de "Yawn". Mais vu que je ne voulais pas chanter devant
des gens, j'ai alors cherché un chanteur, et un ami m'a présenté
Gary. Puis ce n'est que récemment que mon frère nous
a rejoint.
Pourquoi
ne souhaitais-tu pas chanter sur Immune ? Ce qui n'était
pas le cas pour ton projet solo Yawn justement.
Disons
que les choses se sont faites assez naturellement. J’ai découvert
la voix de Gary, et je l’ai adoré. Il est devenu le
chanteur d’Immune ainsi. C’est à ce moment aussi
que Martin est rentré pleinement dans le processus. Il faut
dire aussi que je ne chante pas vraiment, je bredouille plus qu'autre
chose à la manière un peu du chanteur d'Arab Strap.
Je serais incapable de chanter pleinement, et je serais trop timide
pour le faire en concert. Cela dit, j'ai chanté un morceau
sur le premier album, et sur le second que nous préparons,
j'en chanterai deux. Mais en concert Gary chante tout, je ne veux
pas m'exposer.
Votre
musique mêle électronique et instrumentation plus classique.
Comment êtes vous arrivés à utiliser des machines?
Dès
le départ, nous avions le désir de créer une
musique organique qui mêlerait instrumentation classique et
électro. Mais le mélange s'est créé
assez naturellement en fait. On a toujours travaillé en essayant
de construire une musique qui marierait les deux. Avec notre premier
disque, on a été dans ce sens, mais je pense que cet
aspect est encore plus essentiel sur les morceaux que nous travaillons
actuellement. Quand nous travaillons un morceau, de plus en plus
nous tentons de nous appliquer à trouver les bonnes associations
de matières sonores. Un son électro peut par exemple
donner un meilleur éclairage à un morceau acoustique.
Dans un morceau, nous nous intéressons autant aux mélodies
qu'au son. Pour chaque morceau on essaie de construire un espace
où les différentes strates de sons se mêlent.
La
mélancolie, le calme. Cherchez vous à toucher à
travers votre musique une certaine forme de beauté, de tendresse?
Oui.
On ne fait que rechercher une sorte de beauté ! Et cette
beauté se trouve pour nous dans la mélancolie et la
douceur. A chaque fois nous cherchons à créer une
sorte d'harmonie (dans les sons, dans les mélodies, ...)
de laquelle une beauté peut naître. Pour ma part, Mark
Hollis, Bed sont ceux qui se rapprochent le plus de la beauté
comme je l'envisage.
Tu
le considères comme un maître à penser Mark
Hollis ?
Oui,
d'une certaine manière. Disons que j'ai une très grande
admiration pour lui. C'est l'un des rares artistes que je connais
qui ne s'adapte pas aux modes, et qui continue dans la voie qu'il
s'est fixé avec une réelle intégrité.
Sa musique me passionne, mais jamais je me sentirais capable de
suivre le même genre de chemin que lui. Je suis moins rigoureux,
et j'ai besoin d’essayer de nouvelles voies. Lui ne cherche
rien, il trouve. Là où l'on cherche dans différentes
directions, lui creuse la sienne en s'y limitant. Ethiquement en
art, Mark Hollis est un maître à penser. Il me fait
un peu penser à Tarkovski dans sa démarche et dans
sa rigueur. Ce sont des gens qui considèrent que créer
ne se limite pas à produire un album tous les ans. Ils ne
sont pas dans une logique économique, et considèrent
que l'artiste est chargé d'un devoir, d'une mission. Pour
eux, un artiste ne crée pas des produits pour répondre
à des besoins, mais propose à travers ses oeuvres
de nouvelles valeurs qui peuvent enrichir l'Homme spirituellement,
et changer son rapport au Monde. Bien sur, Immune ne se situe pas
dans cette lignée ! Il y a sans doute certaines connexions
à faire entre ces artistes et nous, mais nous, nous sommes
plutôt des artisans que des artistes.
Vous
qualifiez votre musique d'electro pop somatique. Une façon
de devancer la presse dans ses rangements à cases ?
C'était
avant tout une blague de Martin au départ. On ne comptait
pas utiliser cette qualification pour présenter notre musique.
On la trouve assez ridicule en fait, mais quand on a commencé
à définir notre musique ainsi quand des gens nous
demandaient ce que l'on faisait, en général ça
les titillaient, ça les interpellaient, et ils aimaient bien.
Alors on a conservé cette qualification, même si je
ne suis toujours pas convaincu de son impact sur les gens. Pour
ma part, je verrais ça dans un magasin, je me méfierais,
je me demanderais "qu'est ce que c'est encore que ce pseudo
genre?". Par rapport à la presse, je crois que ça
leur plait assez. On a juste glissé le mot electro-pop somatique
une fois dans notre dossier de presse, mais pas mal de chroniqueurs
le reprennent. Si c'est un bon moyen de se faire remarquer, on l'utilisera
plus ouvertement.
Dans
quel état d'esprit avez vous abordé l'enregistrement
de Immune ?
Notre
manière d'enregistrer et de composer est assez spéciale.
Nous fonctionnons un peu comme Labradford. Martin habite Paris,
Gary est à St Claude dans le Jura, mon frère Julien
est à Dijon, et moi je suis à Lyon. Jusqu'à
il y a à peu près trois mois, nous ne nous étions
vu tous ensemble que 2 ou trois fois. En général,
j'enregistre les bases d'un morceau, je vois ensuite Martin qui
trouve des motifs et avec qui je définis une structure, et
pour finir je vois Gary qui vient greffer sa voix sur le tout. Pour
l'album, de par ce fonctionnement, il n'y a pas eu réellement
"d'état d'esprit" dans lequel nous avons travaillé.
Généralement, les morceaux se créent au quotidien.
Nous enregistrons tout chez moi sur toute l'année. Composition
et enregistrement sont souvent mêlés. Quand je travaille
sur un morceau, la démo peut devenir la version définitive.
Tout cela est très artisanal et très quotidien.
L'album s'est dessiné progressivement avec l'envie juste
de créer les morceaux les meilleurs possible. Mais sur le
second album, -qui nous espérons trouvera cette fois un label-
nous allons reprendre certains morceaux de ce premier disque pour
avoir un album dense, riche de différentes ambiantes. Sur
ce nouvel album, j'essaie de faire en sorte que chaque morceau représente
à lui seul un projet.
Vous travaillez déjà sur une suite ?
Notre
deuxième album est déjà enregistré.
Nous n'avons plus qu'à mixer et à masteriser le tout.
Nous avons conservé 5 morceaux de notre premier disque, et
nous en avons composé 6 nouveaux. Pour nous c'est une sorte
de compilation de tout ce que l'on a fait de mieux depuis notre
formation. Pour notre recherche de label, nous tenons à servir
le meilleur de ce que l'on a pu faire pour mettre toutes nos chances
de notre côté. Mais on a beaucoup d'autres projets
en tête. On projette de réaliser un album uniquement
composé au piano avec un vieux magnétophone. On envisage
de travailler aussi à l'avenir sur des morceaux plus ouvertement
pop, dans une lignée d'artistes comme Sparklehorse, Mojave
3,... mais ce ne sont que des projets, nous verrons bien comment
naturellement nous évoluerons.
Est-ce
que le fait de ne pas avoir trouvé de label pour sortir Immune
vous a renforcé dans vos choix artistiques justement?
C'est
difficile à dire... Je pense que petit à petit on
s'ouvre davantage. Nous n'avons pas du tout l'envie de rester clôturé
dans le monde de la musique indé réservée aux
"connaisseurs". Je pense que de plus en plus on arrive
à assumer notre côté pop, que l'on rejetait
auparavant. On a envie de faire plaisir, là où parfois
on a pu se brimer. Je ne sais pas trop dans quelle mesure le fait
de ne pas avoir trouvé de label nous fait évoluer...
ça doit certainement jouer. Beaucoup de labels ont vraiment
aimé notre musique, et surtout en Angleterre et aux Etats
Unis. Les labels français ont été assez peu
enthousiastes par rapport à eux. Après rien n'a vraiment
débouché avec eux non plus... Il n'y a que le label
hollandais Zabel Muziek qui nous a contacté pour réaliser
un cd split 4 titres avec le groupe Ex-Con. Nous ne le connaissions
pas, mais ils nous ont envoyé leur disque, et j'ai pour ma
part été enchanté par leurs morceaux. Après
nous ne tenons pas du tout à nous autoproduire, mais s'il
faut en passer par là, nous le ferons.
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